Biodiversity: a resource as well as a burden? Potential and limits of the concepts of ecosystem services and disservices to rethinking human-nature interactions and social-ecological system trajectories | La biodiversité, une ressource mais aussi un fardeau ? Intérêt et limites des notions de services et disservices écosystémiques pourrepenser les interactions nature sociétés et la trajectoire des socio-écosystèmes
2020
Blanco, Julien | Moreau, Clémence | Guerbois, Chloé | Barnaud, Cécile | Renaud, Pierre-Cyril | Deconchat, Marc, | Andrieu, Émilie
French. Les processus de dégradation et de préservation des ressources naturelles s’accompagnent souvent de tensions et conflits entre les acteurs des territoires et sont au cœur des enjeux de recherche dans les Zones Ateliers. Le cadre des services écosystémiques (SE) est désormais communément utilisé pour analyser, de manière interdisciplinaire, ces processus et penser les termes d’une meilleure gouvernance. Nous développons ici l’idée selon laquelle l’intégration du concept très contesté de disservice écosystémique (DSE), c’est-à-dire des nuisances associées aux écosystèmes, est nécessaire pour la recherche afin d’améliorer la compréhension des relations nature-sociétés, ainsi que pour la gouvernance des territoires afin de tendre vers une meilleure justice environnementale. Nous mobilisons trois cas d’étude dans lesquels les enjeux environnementaux sont sources de SE et DSE : le sanglier dans le Mont Lozère (France), les arbres champêtres dans les coteaux de Gascogne (ZA PYGAR, France) et l’éléphant en périphérie du parc national de Hwange (ZA Hwange, Zimbabwe). Au total, 119 entretiens semi-directifs ou essais anonymes contenant des informations sur les SE et DSE ont été mobilisés et analysés selon deux axes : i) les représentations et pratiques, et ii) la gouvernance. Nos résultats montrent que le concept de DSE, associé à celui de SE, est utile pour révéler la complexité, voire l’ambivalence, des représentations des acteurs. Par exemple, si le sanglier est apprécié par certains acteurs des Cévennes dans le cadre de la chasse de loisir, il occasionne aussi des dégâts dans les parcelles agricoles et forestières ou encore sur le patrimoine bâti. Le concept de DSE permet en outre d’évaluer le rôle des pratiques dans le renforcement ou l’atténuation de nuisances et risques écologiques qui ne sont pas toujours directement reliées à des dynamiques écologiques. Par exemple, dans les coteaux de Gascogne, c’est la mécanisation croissante de l’agriculture qui explique que les haies sont devenues de plus en plus gênantes pour le travail des champs. Enfin, le concept de DSE enrichit aussi la compréhension des positionnements des acteurs et des enjeux de gouvernance, permettant par exemple de révéler les contradictions et effets pervers de certaines politiques environnementales. Par exemple, la vulnérabilité de certaines communautés autour de Hwange vis-à-vis des éléphants qui ravagent les cultures est peu prise en compte par le mécanisme de compensation CAMPFIRE, lequel s’applique de manière globale à l’échelle des districts et non de manière directe en ciblant les communautés les plus impactées. Malgré les controverses dont il a fait l’objet, le concept de DSE semble donc prometteur, associé à celui de SE, pour repenser les interfaces nature-sociétés et la gouvernance environnementale dans les territoires, et in fine mieux comprendre et guider la trajectoire des socio-écosystèmes dans des dispositifs de recherche de long-terme tels que les Zones Ateliers.
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