Contribution à la mise au point d'un vaccin contre la trypanosomose animale
1999
Micout, Laurence
La prévalence de la trypanosomose bovine en Afrique tropicale et équatoriale constitue un frein majeur à la production animale dans ces régions. Les trypanosomes ont développé des systèmes complexes d'échappement aux défenses immunitaires de leurs hôtes. A cause de cela, il est difficilement envisageable de concevoir un vaccin selon les conceptions vaccinales classiques basées sur la prévention de l'infection. A l'ILRI-Kenya, des chercheurs tentent de mettre au point des moyens efficaces pour lutter contre cette maladie en s'efforçant d'élucider les mécanismes de la trypanotolérance. Les bovins de race N'Dama, des taurins trypanotolérants, présentent une forte réponse immunitaires vis à vis d'une cystéine protéase de Trypanosoma congolense, appelée congopaïne, ce qui n'est pas le cas des bovins de race Boran, des zébus trypanosensibles. Les immunoglobulines G de bovins N'Dama infectés sont capables d'inhiber l'activité de la congopaïne in vitro. Il a alors été envisagé que cette inhibition pouvait être à la base d'un des mécanismes de la trypanotolérance. Avec cette hypothèse, on peut espérer obtenir un certain degré de tolérance à la trypanosomose en induisant chez les animaux sensibles une réponse immune adéquate contre la congopaïne. Deux antigènes recombinants, nommés Cl et C2, issus de deux familles de cystéine protéase ont déjà été produits et testés sur des zébus Boran lors d'expériences d'immunisation infection. Dans les deux cas mais de façon plus marquée pour C2, il a été montré que les individus vaccinés avec de la congopaïne développaient certains caractères de trypanotolérance. Cependant, le trop petit nombre d'animaux impliqués dans ces travaux ont rendu des analyses statistiques difficiles. Il est prévu de les renouveler sur une plus grande échelle. De récentes analyses ont montré que l'enzyme C2 existe sous deux formes, une de 28 KD abondante mais peu reconnue par le sérum de bovins N'Dama infectés, et une de 35 KD, peut être une forme glycosilée, très réactive avec ce même sérum mais moins abondante et plus difficile à purifier. De plus une troisième cystéine protéase appelée C3 a été clonée et synthétisée. De structure voisine à celle de C2, elle est plus facile à produire. Il a alors été décidé d'immuniser trois zébus, chacun avec un de ces antigènes différents, et de les soumettre à une infection expérimentale à Trypanosoma congolense, ceci dans le but de choisir la protéine la plus adéquate pour l'expérience impliquant de nombreux animaux. Ces travaux requièrent la mise en oeuvre de plusieurs techniques de laboratoire. La production d'antigènes nécessite la fabrication des trois recombinants par des systèmes à baculovirus, leur purification par chromatographie et électroélution, pour finalement les contrôler par des techniques de SDS-PAGE, western blot, ELISA et zymogramme. L'adjonction d'un adjuvant termine la constitution des doses immunisantes. Le suivi de l'infection implique la purification de trypanosomes et de congopaïne native par chromatographie et électrophorèse. Des prises de sang avec surveillance des normes sanguines sont prévues. Le suivi de la réponse immunitaire est essentiellement effectué par des tests ELISA. En phase de pré-infection, la fraction de 35 KD a montré un meilleur potentiel immunisant, elle a donc été choisie pour la suite des travaux et injectée en plusieurs rappels à douze bovins de race Boran. Leur réponse humorale ainsi que leur comportement face à une infection expérimentale à Trypanosoma congolense est en cours d'étude. L'an prochain, des résultats devraient permettre de conclure sur l'intérêt des cystéines protéases dans une approche immunologique du contrôle des trypanosomoses animales. (Résumé d'auteur)
Show more [+] Less [-]AGROVOC Keywords
Bibliographic information
This bibliographic record has been provided by Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement