Developpement de la methode analyse du cycle de vie territoriale spatialisee (acvts) appliquee a l’agriculture. Cas d’etude des bassins versants de la lieue de greve, bretagne, france
2016
Nitschelm, Laure
French. L’agriculture est une activité humaine associée à de nombreux impacts environnementaux, qu’ils soient locaux comme l’eutrophisation ou globaux comme le changement climatique. En France, la question environnementale en agriculture est liée au besoin d’accompagnement des politiques publiques destinées à la protection des ressources naturelles. Dans une optique d’aide à la décision, il est nécessaire de prendre en compte une échelle spatiale adaptée pour évaluer l’impact de l’agriculture sur l’environnement. Dans cette thèse, nous posons le principe que cette « échelle spatiale adaptée » est le territoire agricole et qu’elle doit être intégrée aux analyses environnementales. L’analyse du cycle de vie (ACV) est identifiée comme une méthode pertinente pour évaluer le bilan environnemental d’un territoire de par son caractère multicritère et agrégatif. Cependant, l’ACV est une méthode globale (non spatialisée) qui ne prend pas en compte les caractéristiques biophysiques du milieu (ex : type de sol, pente, climat) dans ses étapes de calcul des émissions et des impacts, caractéristiques qui varient à l’intérieur des frontières d’un territoire. Le cadre de l’ACV nécessite donc des modifications pour pouvoir prendre en compte les spécificités locales du territoire et mieux représenter l’échelle de la décision : celle de l’exploitation agricole. Les travaux de cette thèse se focalisent sur l’élaboration du cadre méthodologique de l’Analyse du cycle de vie territoriale spatialisée (ACVTS). Cette méthode intègre la spatialisation dans les différentes étapes de l’ACV pour réaliser un bilan environnemental d’un territoire. L’ACVTS se découpe en 6 étapes : (1) définir les objectifs de l’étude ainsi que la (ou les) fonction(s) et frontière(s) du territoire ; (2a) mettre en place une typologie des activités humaines basée sur le type de production (ex : fermes laitières ou de grandes cultures) ; (2b) définir une typologie des espaces « homogène » pour les émissions (ex : type de sol et climat pour les émissions d’azote) et pour les impacts (ex : baie ou rivière dans le cas de l’eutrophisation) ; (3) réaliser un inventaire du cycle de vie (ICV) spatialisé pour chaque type d’activités sur chaque type d’espace « homogène » ; (4) déterminer les impacts (AICV) spatialisés à partir de l’inventaire réalisé précédemment ; (5) représenter les résultats obtenus à l’aide de graphiques ou de cartes en incluant les impacts à l’intérieur et hors du territoire et (6) analyser les résultats obtenus. L’ACVTS est ensuite appliquée au territoire de la Lieue de Grève, situé à l’ouest des Côtes d’Armor en Bretagne. La principale problématique de la Lieue de Grève est l’eutrophisation marine, phénomène localisé dans la baie du territoire. Les travaux de thèse se focalisent donc, dans un premier temps, sur la spatialisation des émissions azotées au champ (étape ICV). L’utilisation de modèles dynamiques dépendant des caractéristiques biophysiques du milieu permet d’intégrer la variabilité spatiale du territoire dans le calcul des émissions d’azote. Dans un deuxième temps, une méthode de caractérisation régionalisée de l’eutrophisation d’eau douce et d’eau marine (étape AICV) est mise en place. Cette méthode de caractérisation intègre à la fois le devenir des polluants au sein du territoire et la sensibilité du milieu récepteur à l’impact potentiel. L’application sur le territoire de la Lieue de Grève a montré que la régionalisation de la méthode de caractérisation pour l’eutrophisation permet une évaluation plus proche des impacts réels ayant lieu sur un territoire. Enfin, une comparaison des résultats d’ACVTS avec des résultats d’ACV est menée. Cette comparaison met en avant l’intérêt de l’ACVTS par sa sensibilité à la variabilité spatiale des couples « système de production / type de sol ». En conclusion, l’ACVTS permet une évaluation des impacts du territoire plus proches des impacts réels en intégrant les caractéristiques biophysiques du milieu dans les étapes d’ICV et d’AICV. L’ACVTS est donc particulièrement adaptée à l’étude de territoire agricole où activité humaine et environnement sont étroitement liés. Néanmoins, elle est gourmande en temps, en données et en expertise et nécessite de bien définir son adéquation au questionnement de l’étude.
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Bibliographic information
This bibliographic record has been provided by Institut national de la recherche agronomique