Des trajectoires structurelles et économiques (1990-2005) contrastées entre les exploitations laitières du nord de l’Union européenne

Francés. Cette communication présente, à partir des données individuelles du Réseau d’Information Comptable Agricole (RICA) européen pour la période 1990 à 2005, une analyse comparative des trajectoires structurelles et économiques des exploitations laitières spécialisées de six bassins de production de l’Union européenne : le Nord et l’Ouest de la France, le Nord de l’Allemagne, l’Ouest et le Nord de l’Angleterre, le Danemark et les Pays-Bas. Il souligne, tout d’abord, l’existence d’écarts importants de productivité du travail entre les exploitations laitières de ces bassins de production, tant en volume qu’en valeur. Tout en prenant acte des choix politiques propres à chaque Etat membre relativement au mode de gestion des quotas laitiers, une attention est portée aux principaux facteurs explicatifs de ces écarts de productivité (niveau de spécialisation, recours à la sous-traitance, dynamique des investissements, substitution de capital au travail). Cette communication discute ensuite du coût de production et du produit brut total par tonne de lait en identifiant les principaux points forts et points faibles des zones géographiques étudiées. Enfin, elle s’intéresse à la relation entre la productivité du travail et la rémunération de la main d’œuvre, en démontrant en quoi le choix de l’indicateur économique utilisé (revenu agricole ou cash-flow) peut interférer sur l’interprétation des résultats. Cette analyse indique que les exploitations laitières françaises sont favorisées par un coût plus modeste d’acquisition des facteurs de production (terre et quota), par des frais alimentaires bien maîtrisés et par un prix du lait supérieur à celui de l’Angleterre ou de l’Allemagne du nord. Elles sont, en revanche, pénalisées par une productivité du travail plus modeste et par des frais de mécanisation plus élevés. Si la dynamique des investissements en bâtiments est moins soutenue qu’au Danemark, elle est meilleure que dans d’autres bassins, ceci témoignant d’une certaine confiance des producteurs de lait français dans l’avenir.

Inglés. This article presents a comparative analysis of the structural and economic trajectories of specialized dairy farms of six geographical areas of the European Union: North and West of France, North of Germany, North and West of England, Denmark and the Netherlands. This analysis is based on the individual data from the European Farm Accountancy Data Network (FADN) for the period 1990 to 2005. Firstly, we stresse the significant differences in labour productivity between the dairy farms, both volume and value. While acknowledging the political choices of each Member State in relation to the administration of milk quotas, special attention is paid to the main factors that explain these differences in labour productivity (level of specialization, use of subcontracting, investment, substitution of labour by capital). Then, we discuss the cost of production and the total output per tonne of milk. Key strengths and weaknesses of the studied geographical areas are shown. Finally, we explore the relationship between labour productivity and remuneration of the workforce. It shows how the choice of the economic indicator used (agricultural income or cash flow) may interfere with the interpretation of results. This analysis indicates that the French specialized dairy farms are favoured by a more modest cost of production factors (land and quota), by low feed costs and by higher milk prices than that of England or Germany. However, the french dairy farms are penalized by lower labour productivity and higher mechanization cost. If the investments in buildings are less dynamic than in Denmark, they do better in France than in other basins, reflecting the confidence of french milk producers in the future.