Comment faire avancer la lutte contre la déforestation dans les pays en développement ?
2009
Karsenty A.
La conférence de Bali sur les changements climatiques a fait un pas vers le principe de rémunération de la réduction de la déforestation dans le cadre de la préparation du régime post-Kyoto. La déforestation contribuant à hauteur de 12-22% des émissions annuelles de CO2, la réduire est essentiel. Cependant, l'architecture et les modalités de mise en oeuvre du mécanisme nommé REDD (Réduction des émissions issues de la déforestation et de la dégradation) n'ont pas été définies et font l'objet de débats serrés, notamment sur la période de référence par rapport à laquelle mesurer la réduction de la déforestation au cours de la prochaine période d'engagement. Les pays qui considèrent que l'essentiel des épisodes de déboisement est derrière eux, plaident pour l'adoption d'une référence portant sur une période passée; à l'inverse, les pays à faible déboisement jusqu'à présent mais qui anticipent une déforestation accrue dans l'avenir, veulent pouvoir adopter une référence fondée sur un scénario tendanciel de déforestation future. L'autre divergence porte sur la nature des «récompenses»: crédits carbones échangeables sur le marché du même nom, ou argent issu d'un fonds spécial de lutte contre la déforestation ? On peut craindre que l'inclusion de REDD dans le marché du carbone n'entraîne une surabondance des permis d'émission et une baisse de leurs prix, compromettant l'efficacité, déjà toute relative, du système mis en place à Kyoto. On peut identifier trois problèmes récurrents avec l'architecture la plus évoquée pour REDD: la légitimité de l'extrapolation à partir de tendances historiques; la capacité d'estimation des scénarios de référence de type prédictif; enfin, la possibilité réelle d'imputer à différentes politiques publiques la baisse du taux de déforestation et d'en mesurer l'effet net. Le risque est réel pour qu'un tel mécanisme soit fortement générateur de réductions fictives d'émissions. II semble plus avisé de constituer un Fonds international contre la déforestation pour financer les politiques et les réformes structurelles nécessaires pour arrêter, à terme, la déforestation, ainsi que des programmes de paiements pour services environnementaux où les rémunérations iraient aux paysans plutôt qu'aux gouvernements. (Résumé d'auteur)
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Informations bibliographiques
Cette notice bibliographique a été fournie par Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement
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