Parmi les épices et les aromates, cultures toujours très recherchées, le poivre rapporte gros et pendant longtemps.
2005
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Le poivreCHAPEAULes épices sont parmi les cultures qui ont une très haute valeur commerciale car elles sont souvent rares et ne poussent pas forcément partout. Mais il y a aussi certaines qui ne sont pas rares mais qui ont des rendements très hauts pour une petite superficie de culture. C’est le cas du poivre par exemple qui constitue souvent une culture d’appoint très rentable comme l’explique Kengne Salomon, producteur camerounais de poivre au micro de Charles Nforgang.DURÉE DE LA BANDE : 6’00Kengne C’est une liane rampante, qui rampe et qui s’accroche au tuteur. La hauteur réelle c’est 2, 2m 50. C’est à base des boutures qu’on doit sélectionner, qu’on met dans les pots et après trois quatre, cinq mois on peut les transplanter. On les transplante d’une manière très rationnelle, c’est à dire, on a un tuteur qu’on doit planter d’abord qui s’appelle l’érythrine, dès que l’érythrine est plantée, on doit planter le poivrier, donc les boutures qu’on a préparées dans une pépinière. C’est à base de ça que les gars creusent les trous et plantent et ça s’adhère sur le tuteur.NforgangOui comment est ce qu’on fait pour obtenir ses pépinières de poivre blanc ?KengneCes boutures sont enlevées sur les poivriers qui ont un certain âge avancé c’est à dire cinq, six, sept ans. On coupe les boutures avec trois ou quatre nœuds qu’on met dans un sachet contenant de la terre et c’est après trois ou quatre mois qu’on les plante. Nforgang Quelles sont donc les dispositions que vous prenez quand vous mettez la bouture au sol afin que celles-ci puissent grandir sans être inquiétée par les intempéries, par le climat.Kengne Je plante les papayers et dans ses papayers je mets mes tuteurs et ça me permet de planter mon poivrier. Pourquoi ? Parce que nous avons des sols arides, donc des sols qui se fendillent en saison sèche, ça fait que la racine du poivrier ne s’adhère pas bien au sol. Quand une fois j’ai planté mon papayer, je mets mes tuteurs et le poivre, ça fait un certain ombrage, ça fait que partout c’est humide et je peux passer la saison sèche sans perdre deux, trois, quatre pieds de poivriers. Deux ans après, quand le poivrier s’est bien adhéré, je détruis le papayer, pour ne plus le replanter.Nforgang Est ce que vous pouvez donc aller étape par étape à partir de la récolte du poivre arrivé à maturité ?Kengne Oui une fois, que le poivre est récolté, on met dans un sac de près de 25 kgs qu’on trempe dans de l’eau et après chaque deux jours, on change cette eau, on remet une nouvelle eau et neuf à dix jours après, on ouvre le sac, on voit que la pulpe est complètement dégagée de la graine, on le lave maintenant. Après ce lavage, on doit le sécher pendant deux, trois jours. C’est à partir de là qu’on a le poivre blanc. Une autre formule encore, c’est celle qu’on doit peut être récolter le poivre en maturité, le sécher non dégrappé, donc on n’enlève pas le poivre sur les grappes. On les laisse sécher et ça devient noir. Mais entre le poivre blanc et le poivre noir, le poivre le plus prisé, c’est le poivre noir, c’est ce que les gens oublient. Le poivre noir est un poivre bien aromatisé mais à l’œil nu, on croit qu’il est sale, il n’est pas sale.Nforgang Quels sont donc les principales difficultés que vous les producteurs de poivre blanc, rencontrez ?Kengne Nous avons de grandes difficultés, notamment le vol qui se passe en plantation quand on récolte le poivre, les gars passent aussi dans la nuit ils récoltent, il faut beaucoup de gardiens pour la sécurité. Et non seulement ça, en domaine commercialisation, nous avons par exemple le poivre qui sort de Dubaï, le poivre de Dubaï qui n’est pas bien prisé qui vient faire la concurrence avec notre poivre. Mais ce poivre est ce qu’il entre au Cameroun d’une manière régulière ! Non, c’est frauduleux. Ça fait que sur le marché ils achètent notre poivre à 2000 Fcfa pour mélanger avec, ça fait que le prix doit baisser. Bon, en 2002-2003 le kg de poivre coûtait 5000, 6000 Fcfa mais il est revenu à 2000 Fcfa.Nforgang Toute votre production est donc écoulée sur le marché local. N’y a t-il pas des possibilités pour vous également de rechercher des marchés à l’extérieur du pays ?Kengne Oui nous sommes entrain d’essayer d’avoir des partenaires, des gars qui peuvent importer notre poivre, c’est bien, mais il faut seulement un arrangement d’abord. Nforgang Sur l’aspect agricole, au niveau des plantes, est ce qu’il y a des contraintes ? Est qu’il y a des difficultés déjà à ce niveau ?Kengne Oui nous avons des herbicides qui sont chers qui ont doublé de prix, les engrais n’en parlons plus. Un sac d’engrais coûtait à l’époque 4000, 5000 Fcfa mais actuellement il est à 12000 Fcfa, 14000 Fcfa, 15000 Fcfa même.Nforgang Y’a t-il également des aléas liés à la fragilité du produit ?Kengne Je peux vous dire, nous producteurs, nous sommes conscients, il faut bien sécher son poivre. Si on sèche le poivre ça peut mettre un an, deux ans mais bien conservé, trois ans même, pourquoi pas cinq ans ?Nforgang Quelle est donc la durée de vie d’un poivrier une fois qu’il a été mis sur pied ?Kengne Un poivrier peut mettre même cent ans.Nforgang Est ce qu’il va continuer à produire comme à la première année ?Kengne Tout à fait, à la première année même après trois ans ça produit, je ne sais pas moi et à partir de la cinquième, sixième, septième, c’est là où la production crache. Mais il faut entretenir, il faut des engrais.Nforgang Pourquoi avoir choisi de cultiver le poivre ?Kengne Moi, j’ai choisi de cultiver le poivre parce que vraiment c’est une épice que les gens sollicitent beaucoup. Je récolte deux, deux tonnes cinq. Dans l’avenir je vais même arriver à six, sept tonnes comme je suis en train de beaucoup planter.
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Cette notice bibliographique a été fournie par Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation
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