Etude du rôle physiologique du récepteur minéralocorticoïde chez la truite arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss), implication dans la reproduction et l'osmorégulation

français. Chez les mammifères, le récepteur minéralocorticoïde et son ligand l’aldostérone régulent la balance hydrominérale. Malgré l’absence d’aldostérone chez les poissons, un récepteur minéralocorticoïde a été découvert récemment chez la truite arc-en-ciel (rtMR). Une étude de transactivation de ce récepteur in vitro a montré que la 11-deoycorticosterone (DOC) et le cortisol sont les ligands potentiels de ce récepteur. Par ailleurs, le cortisol est connu pour être le ligand physiologique des récepteurs aux glucocorticoïdes (rtGRs). Cette thèse vise à apporter des éléments de réponse quant au rôle physiologique du rtMR. Sachant que la fonction principale du récepteur minéralocorticoïde mammalien est de contrôler l’équilibre hydrominérale, nous étudions le rtMR dans des situations physiologiques qui s’accompagnent de variations significatives dans les flux aqueux et ioniques. Dans ces situations, les niveaux plasmatiques de DOC mesurés, de l’ordre de quelques ng/ml suggèrent que la DOC est le ligand physiologique du rtMR. Au cours de la reproduction des poissons, l’hydratation des ovocytes pendant la maturation méiotique et l’hydratation du sperme pendant la spermiation sont des périodes ou nous suspectons une implication du rtMR. Chez les femelles, l’absence in vitro d’effets de la DOC sur l’hydratation des ovocytes et la très faible expression du rtMR dans l’ovaire n’est pas en faveur d’un rôle du système DOC/rtMR dans l’hydratation des ovocytes. Par ailleurs, le cortisol via le rtGR2, régule probablement cette entrée d’eau intra-ovocytaire. Chez les mâles, la régulation de la DOC plasmatique pendant la spermiation et son effet in vivo sur la diminution du spermatocrite suggère un rôle du rtMR dans fluidification du sperme. Nous avons également étudié l’implication du rtMR dans l’osmorégulation qui est le maintien de la pression osmotique interne. Nous nous sommes intéressés pour cela aux 3 organes majeures de l’osmorégulation : branchie, rein et intestin. La localisation du rtMR dans la branchie et l’intestin au niveau de types cellulaires impliqués dans les flux aqueux et ioniques suggère un rôle du rtMR dans cette fonction biologique. Pourtant, dans le rein, le rtMR n’est pas présent au niveau des tubules rénaux mais dans le tissu hématopoïétique. Chez des truites soumis à un stress osmotique (transfert d’eau douce en eau de mer et inversement), une variation des niveaux de transcrits du rtMR dans ces 3 organes osmorégulateurs est également observée. Enfin, la DOC présente un effet inhibiteur sur l’activité de la Na/K/ATPase branchiale qui joue un rôle clé dans les flux ioniques transépithéliaux. Mais à la différence du système cortisol/rtGRs, la DOC n’a pas d’effet sur la régulation transcriptomique branchiale des protéines de transport. Les hauts niveaux plasmatiques de DOC, sa capacité d’activation du rtMR in vitro et son implication dans la reproduction et l’osmorégulation en relation avec le transport ionique et aqueux suggèrent que la DOC pourrait être une nouvelle hormone minéralocorticoïde chez la truite. Par ailleurs, l’effet du cortisol, via les rtGRs, sur l’hydratation des ovocytes et la régulation des transporteurs ioniques in vivo et in vitro confirment que le système cortisol/rtGR présente également des propriétés de type minéralocorticoïde chez les poissons