Reclaiming the Saltus | Revendiquer le Saltus | Reclaiming the Saltus: Changing values and property relations on pastoral land, evidence from the Cévennes mountains in France

International audience

anglais. Herding and pastoralism are practices that involve a mobile, multi-species collective of humans, herbivores, dogs and vegetation. They developed in the wake of neolithization and have played a major role in shaping many of today's rural geographies. In the face of planetary change, this practice must adapt to the depletion of pastoral resources in drought-prone open environments. It is also at the centre of value conflicts over rural space between its proponents and supporters of rural rewilding, characterised by reforestation and the protection of wild herbivores and predators such as the wolf. This research offers an institutionalist perspective on Mediterranean pastoral geographies, here called saltus. It focuses on conflicts over saltus valorisations and their implications for the reshaping of land tenure relations. It is based on a field study conducted in the Cévennes in southern France, an area inscribed on the UNESCO World Heritage List in 2011 as a paradigmatic example of an evolving and living Mediterranean agro-pastoral cultural landscape. Paradoxically, this inscription has drawn attention to land tenure issues that threaten the viability of pastoral collectives. The abandonment of the countryside, the severe fragmentation of the land, the remoteness and the cultural change of the owners have favoured the individual appropriation of the landscape's amenities to the detriment of the collective practices that have shaped it. However, it has also led to collective action aimed at redefining property relations. This paper presents four land tenure arrangements that are being negotiated by pastoral collectives to maintain or restore saltus land. Led by local actors acting at different scales and promoting different values, these initiatives are generating multiple forms of pastoral land governance. It suggests that saltus areas may be a laboratory where new land tenure arrangements are being invented, based on the primacy of more than human collective use rights over the exclusivity that characterises Western modern private property.

français. Le pastoralisme peut être décrit comme une pratique impliquant un collectif multispécifique et mobile : humains, herbivores et chiens se déplaçant pour s'adapter à la distribution spatiale et saisonnière de la végétation. Forgés dans le sillage de la néolithisation ces collectifs ont joué un rôle majeur dans la formation de nombreuses géographies rurales actuelles. Face aux changements planétaires, cette pratique doit s'adapter à l'épuisement des ressources pastorales dans des milieux ouverts exposés à la sécheresse. Elle est également au centre de controverses sur les valeurs et formes de valorisation de l'espace rural. Cette présentation adopte une perspective institutionnaliste sur les géographies pastorales méditerranéennes, ci-après appelées saltus. Elle se concentre sur les conflits liés à la valorisation du saltus et leurs effets sur la reconfiguration des relations de propriété foncière. Elle s'appuie sur une étude de terrain menée dans les Cévennes, dans le sud de la France, un territoire qui a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 2011 en tant qu'exemple paradigmatique d'un paysage culturel agro-pastoral méditerranéen évolutif et vivant. Paradoxalement, cette inscription a attiré l'attention sur les problèmes fonciers qui menacent la viabilité des collectifs pastoraux. L'abandon rural, le morcellement important des terres, l'éloignement et le changement culturel des propriétaires ont favorisé l'appropriation individuelle des aménités du paysage au détriment des pratiques collectives qui le façonnaient. Cependant, cela a également suscité des actions collectives visant à redéfinir les relations de propriété. Cet article présente quatre arrangements fonciers qui sont négociés pour maintenir ou recréer les terres du saltus à travers des collectifs pastoraux. Menées par des acteurs locaux agissant à différentes échelles et promouvant diverses valeurs, ces initiatives génèrent de multiples formes de gouvernance foncière pastorale. Cela suggère que les zones de saltus peuvent être un laboratoire d'invention de nouvelles relations de propriété, basées sur la primauté des droits d'utilisation de collectifs "plus qu'humains" plutôt que sur l'exclusivité qui caractérise la propriété privée occidentale moderne.