Evolution de la matière organique et de la capacité d'échange cationique des alfisols tropicaux cultivés

La pression foncière et l'abandon progressif des jachères caractérisent l'évolution de la plupart des systèmes de culture pratiqués dans la zone soudanienne. C'est le cas du Bassin cotonnier du Tchad où des baisses de productions agricoles touchent des zones densément peuplées. L'étude se fonde sur un diagnostic agronomique, des essais longue durée in situ et des analyses de laboratoire avec notamment des fractionnements de la matière organique (MO) du sol. Le diagnostic montre que la teneur en C de l'horizon de surface est un indicateur de productivité du sol au même titre que les taux d'argile, pR CEC et teneurs en bases échangeables. Le rendement du cotonnier chute à partir de valeurs de teneur en C de 3,4 g kg-' et de CEC de 2,5 cmol, kg-'. La minéralisation de la MO du sol apparaît comme le processus d'évolution majeur affectant la productivité des sols. L'acidification des sols et la lixiviation des bases échangeables surviennent parallèlement, sans affecter aussi fortement la capacité du sol à produire. Des mesures réalisées sur des essais au Tchad et en Côte d'Ivoire comparant des parcelles cultivées avec et sans apports de MO montrent que les variations du taux de MO de l'horizon cultural sont du même ordre de grandeur que les variations spatiales observées dans le diagnostic. Seuls des apports conséquents de fumier maintiennent ce taux juste au dessus du seuil de 3,4 g kg-'. Les enfouissements de MO fraîche ont une efficacité moindre que celle du fùnùer. Le fractionnement granulornétrique de la MO du sol montre que les apports de fumier ou compost permettent d'augmenter les fractions de MO de toute taille, même les fractions de la taille des argiles. La fraction organo-minérale du sol de la taille des argiles participe pour 80% à la CEC des sols, grâce notamment à une CEC d'origine organique par unité de C quatre fois supérieure à celle des fractions de taille supérieures (1000 vs 270 cmol, kg-' de C). L'application du modèle de Hénin-Dupuis aux fractions confirme que les fractions de la taille des argiles sont plus stables (demivie de 17 ans) que celle de la taille des limons (demie-vie de 10 ans) et des sables (demi-vie de 2 ans). Malgré cette relative stabilité, cette fraction de matière organique peut diminuer fortement si aucune gestion organique correcte n'est réalisée sur les parcelles cultivées. (Résumé d'auteur)