Assessment of innovative methods for the control of Acromyrmex octospinosus in Guadeloupe: Towards a viable cohabitation for agrosystems in an agroecological transition
2018
Drillet, Emilie | Diman, Jean-Louis | Ozier-Lafontaine, Harry | Meynard, Jean Marc
法语. La fourmi manioc Acromyrmex octospinosus est une fourmi défoliatrice qui causede très nombreux dégâts aux cultures en Guadeloupe. Compte tenu de son large spectre d’actionet de l’interdiction des insecticides spécifiques à ce ravageur dans le milieu agricole depuis lesannées 2010, il n’existe plus de préconisation en matière de lutte, ce qui rend les exploitationsagricoles particulièrement vulnérables à moins de développer des stratégies productivesinnovantes prémunissant le devenir de la production de la pression du ravageur. C’est en ce sens,et suite à des sollicitations répétées des producteurs et autres acteurs concernés, qu’une étude a étéconduite (Drillet, 2017), consistant à "traquer" chez les acteurs mêmes, les pratiques et savoirsfaires innovants développés pour le contrôle de la prédation par les fourmis manioc. Trois grandstypes de pratiques ont été repérées : i) des pratiques visant à fournir une source de substratsupplémentaire aux fourmis pour les détourner des cultures à préserver ; ii) d’autres visant àperturber la recherche ou la détection des cultures grâce à une organisation spatiale du peuplementvégétal s’appuyant sur la mise en place d’effets "push-pull" ; et iii) des pratiques visant à réduiredirectement la population de fourmis. L’analyse multicritère effectuée sur ces pratiques et celle deleurs avantages/inconvénients, permet de les classer selon des critères de performanceséconomiques et sociales. Tout d’abord l’analyse de la durée d’efficacité montre qu’elles peuventêtre classées en 3 grandes catégories : (1) les pratiques à durée illimitée qui sont liées au systèmede culture en lui-même ou durent en théorie pendant l’intégralité du cycle de la plante ; (2) lespratiques à durée limitée dont le pas de temps est généralement de 1 à 3 semaines ; et (3) lespratiques qui visent la colonie de fourmi directement, l’effet dépend du temps d’implantation denouveaux nids par exemple et est peu connu des praticiens. Le temps de mise en place des pratiquesest calculé sur une longue période et dépend fortement de cette durée d’efficacité. Une grandepartie des innovations repérées sont donc gourmandes en main d’oeuvre. Cependant, cette stratégieest viable pour le praticien car il s’agit en général de pratiques remplissant d’autres objectifs quela lutte contre A.octospisnosus comme la fertilisation, une gestion globale des ravageurs ou unediversification des productions par exemple. En ce qui concerne les coûts opérationnels, la plupartdes praticiens produisent eux-mêmes les ressources nécessaires, à l’exception de l’essence, decertains intrants et du matériel rarement spécifique. Les agriculteurs développant des méthodes delutte innovantes sont donc relativement indépendants vis-à-vis des ressources, ce qui est un facteurde résilience du système. A l’échelle de l’exploitation, nous avons observé que la plupart desacteurs mettent au point des stratégies combinant plusieurs pratiques (10/18 mettent place plus de3 pratiques différentes) et souvent plusieurs effets différents sur la fourmi. La combinaison dedifférentes pratiques de lutte serait donc plus satisfaisante et répond à l’imprévisibilité des attaquesdes fourmis et au besoin constant d’innovation pour lutter contre son adaptation. D’autre part,d’après les observations des agriculteurs et particuliers enquêtés, les dégâts causés par les fourmismanioc paraissent dépendre de plusieurs facteurs liés au mode d’exploitation : (i) la diversité descultures sur la parcelle (appétantes et non appétantes); (ii) la présence de sources temporaires de substrat appétant (comme les fleurs de cocotiers, les fruits à pain, les manguiers en bordure deparcelle); (iii) le niveau d’enherbement de la parcelle (deux hypothèses : en tant que source denourriture subsidiaire ou de barrière physique à l’exploration du territoire) et (iv) la complexité del’agencement géographique des cultures sur la parcelle. Ces observations nous permettent deformuler des hypothèses quant à la vulnérabilité des exploitations à la fourmi manioc : desexploitations très diversifiées, avec une complexité paysagère importante et ayant une gestion del’enherbement modérée seraient moins vulnérables aux attaques de fourmis manioc. Ladiversification des productions est cité dans la littérature comme moyen de diminuer les attaquesdes fourmis attines (Montoya-Lerma et al. 2012). Malgré le nombre de pratiques innovantesobservées, le comportement adaptatif des fourmis fait qu’elles sont considérées comme un "fléauincontrôlable". L’innovation féconde qui en découle est en constante évolution et observablemême sur quelques mois. Cette capacité d’adaptation impose de sortir de la logiqueconventionnelle d’une recherche de solution unique et ultime, pour aller vers des propositions deleviers multiples adaptables à la diversité évolutive des situations possibles.
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