Étude de faisabilité d’une foncière solidaire appliquée à la forêt. La foncière solidaire pourrait-elle être un instrument pour protéger la biodiversité forestière ?
2021
Bresteaux, Paul | AgroParisTech | GIP ECOFOR, 42 rue Scheffer, 75116 Paris | Maya Leroy | Ève Chiapello | Nicolas Picard
法语. Dans un contexte où le sujet de l’érosion de la biodiversité est de plus en plus à l’ordre du jour, le GIP ECOFOR s’est interrogé sur la possibilité de construire une foncière solidaire forestière, sur le modèle des foncières solidaires existantes, afin d’acquérir des forêts en France métropolitaine pour y mener des activités de conservation. Une telle démarche constitue une réponse très pragmatique à l’enjeu de préservation de la biodiversité forestière. La problématique à laquelle cette étude s’attache à répondre peut être décomposée en trois grandes questions : (i) quels sont les différents enjeux à prendre en compte pour une réponse pertinente face à l’érosion de la biodiversité forestière ?, (ii) quelles sont les caractéristiques du marché foncier forestier, quels en sont ses acteurs et comment peut-on analyser leurs stratégies d’investissement ?, (iii) est-ce qu’une foncière solidaire forestière est « faisable » ? et si oui, quelle stratégie pour la construire et la rendre soutenable sur le long terme ?Cette recherche s’inscrit dans les sciences de gestion de l’environnement. Le cadre conceptuel qui a été mobilisé pour guider la réflexion et la construction de ce rapport final est l’Analyse stratégique de la gestion environnementale, ou ASGE.Le rapport a cherché à répondre aux trois questions posées ci-dessus :(i)Les enjeux de conservation en forêt ont été résumés sous quatre grands termes : connaître, préserver, réguler et valoriser. Au travers de notre analyse, nous montrons que les premiers enjeux se placent sur le terrain de la recherche scientifique, avec notamment des réponses à apporter sur les liens entre biodiversité et changement climatique, biodiversité et pratiques sylvicoles, ou biodiversité et services écosystémiques. Mais le lien à faire entre recherche et gestion est tout aussi important. Nous insistons également sur la question de la valorisation économique de la biodiversité, au travers de mesures fiscales ou de l’expérimentation de dispositifs de PSE.(ii)L’étude du marché foncier forestier et de ses acteurs fut au cœur de l’enquête de terrain qui a été menée. De nombreux entretiens ont été conduits avec divers investisseurs. L’analyse a mis en lumière deux catégories d’acteurs aux stratégies très différentes : les institutionnels, investisseurs historiques pour lesquels la forêt constitue un actif financier, et les groupements forestiers écologiques et citoyens, plus récents et pour lesquels la forêt est perçue comme un bien commun. Si ces derniers ont un vocable commun, ils cultivent aussi leurs spécificités. Nous concluons sur l’idée que le marché foncier est un nouveau théâtre de la polarisation à l’œuvre par ailleurs dans le secteur forestier.(iii)L’examen des foncières solidaires existantes fut également central dans le travail de recherche mené. Trois d’entre elles ont été finement étudiées : Habitat et Humanisme, Terre de liens et SOLIFAP. L’analyse de ces structures a abouti à la mise en évidence de facteurs clés de succès ou de risques. Au regard de cela, mais aussi au regard des enjeux de conservation ou de l’analyse du marché foncier, nous avons cherché à imaginer comment pourrait se construire une foncière solidaire forestière. Nous aboutissons à la conclusion que la mise en place d’une foncière solidaire forestière est a priori faisable, mais qu’elle n’est peut-être pas la réponse la plus pertinente pour répondre aux enjeux de préservation de la biodiversité en forêt française. Il s’agirait peut-être plutôt de soutenir la dynamique positive déjà insufflée par les groupements forestiers écologiques et citoyens, qui essaiment au niveau national. La mise en place d’une « coopérative de moyens », sous la forme d’un groupement d’intérêt économique, pourrait aller dans ce sens.
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