Les plantes de couverture, des espèces envahissantes ? Le cas des systèmes avec semis direct sous couvert végétal (SCV)

Le CIRAD travaille depuis près de 20 ans sur les systèmes avec semis direct sous couvert végétal au Brésil et dans un certain nombre de pays des zones intertropicales. Les 3 principes des techniques SCV concernent la suppression du travail du sol, la couverture permanente du sol par de la biomasse morte ou vivante et le semis direct à travers cette biomasse (Séguy et Bouzinac 2001). Actuellement, plus de 60 millions d'hectare sont cultivés dans le monde avec une très inégale répartition : ces systèmes sont très développés en Amérique et en Australie mais pratiquement inexistants en Asie, en Afrique et en Europe (Derpsch, 2001). Le CIRAD travaille à la mise au point et à l'appropriation de ces techniques dans une dizaine de pays d'Amérique Latine, du Maghreb, d'Afrique noire, de l'Océan Indien et d'Asie du Sud Est. Les avantages des plantes de couverture dans un système de culture sont bien connus : effets sur l'érosion, l'évaporation, la température, l'infiltration, la biologie et la structure du sol, lutte contre les mauvaises herbes, la prospection des horizons profonds et les possibilités d'alimentation du bétail (Calegari, 2001). Il est possible d'en déduire quelques grands principes permettant de choisir la ou les espèces les plus intéressantes dans le système ainsi que leur mode de gestion. Les plantes de couverture doivent se développer rapidement, se multiplier facilement, être aisément contrôlables. En général, on recherchera également des plantes présentant un fort développement racinaire pour fixer le sol, le perforer lorsque des horizons compactés sont présents et/ou prospecter des horizons profonds que les plantes cultivées ne peuvent pas atteindre . Le contrôle de la plante de couverture, pour qu'elle ne se transforme pas en adventice pour la culture ou en plante envahissante pour l'environnement, est un sujet sensible. S'il est intéressant d'obtenir des plantes qui produisent beaucoup de petites graines qui- germent et lèvent facilement pour l'aspect plante de couverture, cela peut entraîner des invasions difficiles à contrôler si les herbicides appropriés ou les méthodes de contrôle adéquates ne sont pas disponibles ou pas abordables pour les producteurs. Les SCV et notamment l'utilisation des plantes de couverture présentent des avantages suffisamment importants pour que l'on investisse dans la mise au point d'itinéraires techniques avec les producteurs qui utiliseront ces systèmes. Les difficultés et les risques ne doivent cependant pas être sous estimés : finesse du pilotage de ces systèmes, gestion et choix judicieux des couvertures, gestion de l'enherbement et risques de dissémination d'espèces mal contrôlées. Un code de bonne conduite pour les échanges entre chercheurs et producteurs oeuvrant dans différents pays devrait aussi être rapidement mis en oeuvre. (Résumé d'auteur)