Réponses d’ingestion et de croissance de porcs sevrés suite à une perturbation de leur santé

Francés. Limiter les problèmes de santé et leurs conséquences techniques, économiques et environnementales est un enjeu pour la filière porcine. Ceci implique de mieux comprendre le fonctionnement biologique de l’animal malade. Ce travail répond à trois objectifs : 1) quantifier par méta-analyse, les réponses d’ingestion et de croissance du porc suite à différentes perturbations de sa santé ; 2) décrire in vivo, les dynamiques des réponses d’adaptation du porc à des contraintes d’élevage selon les conditions d’hygiène de l’environnement ; 3) déterminer les conséquences d’une restriction alimentaire sur ces réponses d’adaptation. Les réponses moyennes d’ingestion et de croissance de porcs suite à six différents types de perturbations de la santé (infections digestives, conditions non optimales de logement, inflammation, mycotoxicoses, infestations parasitaires et infections respiratoires) ont été quantifiées par métaanalyse de données issues de 122 publications. L’ingestion diminue de 3 à 23% et la croissance de 8 à 30% chez les animaux perturbés, comparativement aux témoins. La variabilité entre les perturbations suggère des différences dans les mécanismes physiologiques impliqués. La part de la baisse de croissance associée à la baisse d’ingestion et celle résultant de changements métaboliques ont été estimées. Ces derniers sont plus importants pour des perturbations digestives, probablement en lien avec l’altération de la capacité digestive et un détournement des nutriments de la fonction de croissance vers les fonctions de défense. L’étude dynamique des réponses révèle deux phases successives : une phase aiguë puis une phase de guérison, associées respectivement à l’acquisition puis à l’expression de l’immunité conduisant à un nouvel état d’équilibre entre l’animal et son environnement. Expérimentalement, les mécanismes physiologiques d’adaptation, impliqués lors d’une perturbation induite par la dégradation des conditions d’hygiène et associée à une succession de contraintes environnementales (restriction, transition alimentaire et changement de bâtiment), ont été approfondis grâce à des mesures multicritères (performances, santé et comportement). La restriction alimentaire et le changement de bâtiment ont eu des conséquences néfastes à court terme, sur les performances, la santé et le comportement, quel que soit le niveau de stimulation immunitaire des porcs. Dans les conditions d’hygiène dégradée, les conséquences néfastes de la restriction se sont aggravées au cours du temps. La dégradation des conditions d’hygiène, ainsi que l’interaction de ces conditions avec la restriction ont conduit à une augmentation du temps nécessaire au rétablissement des performances et des comportements observés avant la contrainte. Les perspectives de ce travail sont d’étudier l’effet de facteurs alimentaires interférents sur les réponses, et de comparer la physiologie digestive, l’immunocompétence et la qualité des carcasses entre les porcs de différents niveaux de stimulation immunitaire. Ces travaux sont un préalable à la prise en compte du facteur santé dans les modèles de prédiction de la croissance de porcs tels qu’InraPorc®. Ces modèles seront des outils pour tester des stratégies favorisant l’adaptation de l’animal à son environnement.