Environmental assessment of agro-ecosystems. An integrated approach to manage agri-environmental risks. | L’évaluation environnementale des agrosystèmes : une approche intégrée pour gérer les risques agri-environnementaux.

Francés. Les « révolutions vertes » des 50 dernières années ont permis à l'agriculture de répondre à une demande croissante pour ses produits, grâce aux progrès génétiques et à l'apport de produits de synthèse (engrais et pesticides). Ces derniers ont en effet permis de s'affranchir de contraintes qui limitaient auparavant la croissance des plantes cultivées. Cette évolution rapide des pratiques agricoles n'a toutefois pas été sans conséquences pour les écosystèmes en général, mettant en danger leur capacité à fournir dans le futur leurs services actuels: production de nourriture et d'énergie, purification de l'eau et de l'air, régulation du climat, etc... L'agriculture de ce début de siècle se trouve ainsi confrontée à un défi majeur et pressant: pourra-t-elle concilier la satisfaction de besoins en constante augmentation avec la préservation de l'environnement ? La conduite des cultures agricoles engendre des impacts environnementaux et écologiques de différentes natures. La contamination des eaux par les pesticides et les nitrates est connue du grand public et relativement bien documentée. En revanche, les émissions de composés gazeux (dont les gaz à effet de serre1, mais également des composés impliqués dans la pollution de l'air, et enfin les mêmes pesticides) n'ont été étudiés que dans une période récente. Cette diversité des impacts liés aux pratiques agricoles rend nécessaire une évaluation sous forme d'un bilan environnemental qui prenne en compte l'ensemble des impacts. Une telle approche permet en effet de minimiser les transferts de pollution dans le raisonnement des pratiques. Les émissions de polluants étant très variables en fonction des sols et du climat, leur estimation précise nécessite de modéliser les phénomènes sous-jacents. Enfin, une partie des impacts a lieu en amont du champ cultivé, lors des étapes de fabrication des produits utilisés pour la culture (la synthèse des engrais azotés, par exemple). Il est donc nécessaire de les prendre en compte, dans une optique d'analyse sur le 'cycle de vie' complet du bien agricole produit. Cette analyse permet formellement d'optimiser les pratiques agricoles en minimisant le coût environnemental de la production de ce bien - par exemple, une tonne de céréales. Ces dernières années, les progrès des modèles de simulation ont permis de passer au crible différentes innovations agronomiques ou filières en émergence: la production d'énergie (dont les biocarburants) à partir de matière première agricole, le recyclage de déchets urbains en agriculture, ou l'introduction de cultures génétiquement modifiées tolérantes à certains herbicides. Quand l'agriculture se substitue à des filières alternatives non biologiques (basées sur des ressources fossiles, pour l'énergie), elle permet des bénéfices intéressants pour l'environnement, mais qui restent confinés à quelques enjeux, dont la réduction des émissions de gaz à effet de serre. De façon générale, il est difficile d'obtenir des progrès majeurs en jouant sur une seule pratique agricole, comme le choix d'une variété ou d'une dose d'engrais. L'amélioration de l'efficience environnementale des systèmes agricoles passera donc par des changements plus radicaux, conjuguant les pratiques identifiées comme les plus intéressantes avec le retour de cultures offrant certains avantages écologiques, incluant les légumineuses, les cultures pérennes et les prairies. Une synergie plus forte entre élevages, cultures, et espaces urbanisés pour le recyclage des déchets et la production d'énergie ouvre également la voie à des progrès importants.